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Présentation les Sutras
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Garder et dépenser ses richesses

 

          Traduction en français : Phan Ngoc Anh

 

 

Il était une fois deux frères orphelins de père et de mère qui héritaient d’une grande fortune. Ils étaient désolés de ne pas pouvoir exprimer leur pitié filiale envers les parents.

 

Le temps passait vite. Les deux frères n’avaient pas les mêmes aspirations ni les mêmes goûts et désirs. L’aîné aimait les principes moraux, pratiquait la charité et épuisait progressivement l’héritage parental. Le cadet, par contre, c’était fasciné par la richesse, déployait ses efforces dans le commerce, grossissant ainsi sa fortune. Désolé devant la manière de vivre de son aîné, le cadet s’était adressé en cas terme à son frère :"Jeunes, nous perdions nos parents qui nous ont légué une fortune. Notre devoir c’est de conserver et faire fructifier cette fortune, ce qui rassurerait nos parents dans l’autre monde ; c’est un signe de pitié filiale. Au contraire de cela, tu ne fais que courir après les moines Bouddhistes, écouter les Sutras, ce n’est pas cela qui te rapporte quelque argent. Ta famille s’appauvrit de jour en jour, ta fortune fond comme neige au soleil, ce qui pourrait attrister les âmes de nos parents et provoquer la risée de nos voisins".

 

"Je conçois bien tes propres, dit l’aîné. Ce sont des pensées à courte vue. Tu penses que conserver et développer  notre héritage est un signe de pitié. Mais à mon avis, cela ne profite qu’à nous-même et non aux âmes de nos parents. J’observe scrupuleusement les cinq interdits du Bouddhisme, pratique les dix actes bons, prend refuge dans les Trois Joyaux, prie pour la libération samsarique des âmes de nos parents ; c’est cela la véritable pitié filiale. Voie religieuse et vie mondaine s’opposent. Ce que Bouddha nous enseigne comme bonheur et vertu, l’homme de la rue considère comme peu valorisant et méprisable. Le plaisir d’aujourd’hui est à l’origine des passions néfastes. Je ne cours pas après ces plaisirs éphémères. L’homme d’esprit recherche le bonheur éternel" !

 

Le frère cadet, constatant sa différence de vue envers son aîné, acquiesça sans être convaincu. L’aîné, de son côté, connaissait l’hédonisme incorrigible de son frère ; retournait à ses occupations spirituelles religieuses. Bientôt, il quittait le foyer familial, revêtait l’habit de moine Bouddhiste, pratiquait la vertu et la Dhyana avec persévérance, contrôlait minutieusement paroles, pensées et gestes, acquérait finalement l’état d’Arhat.

 

Le frère cadet ne montrait aucune allégresse devant la réussite spirituelle de son aîné, continuait ses activités matérielles et commerciales comme avant jusqu’à plus soif ; ne s’intéressait aucunement aux questions religieuses. Finalement, la fortune ne peut prolonger la vie terrestre ; l’homme meurt les mains vides ; seul persiste le karma qui le suit dans le Samsara.

 

Ainsi, le cadet des deux frères s’était réincarné dans le corps d’un buffle vendu à un négociant comme bête de trait d’une voiture transportant du sel. Il s’agissait d’une besogne pénible demandant beaucoup d’effort de la bête qui n’arrêtait pas de recevoir des coups de fouet. Spectacle pitoyable ! Pendant ce temps, le frère aîné passait qui reconnaissait, grâce à son don de vue, son frère cadet sous la peau du bovidé.

 

L’aîné dit au buffle : "Frère ! Tu avais ramassé beaucoup d’argent dans ta vie antérieure. Où est cet argent maintenant ? Tu avais méprisé la religion et affectionné les richesses matérielles prétendues t’apporter toutes sortes de plaisirs. Cet argent ne peut te faire t’évader de ton état de bovidé et te réincarner en homme".

 

Alors, l’aîné par sa force spirituelle d’Arhat, permettait au buffle de revoir sa précédente kalpa d’homme cupide négligeant les conseils judicieux de son frère . . . Mais il est trop tard !

 

Pour sauver son frère, l’aîné proposait au propriétaire du buffle de lui revendre la bête après lui avoir raconté toute l’histoire entre les deux frères depuis le début. Le propriétaire écoutait, secoué par des tremblements de peur, et proposait d’offrir le buffle au moine.

 

Ce dernier conduisit le buffle au temple Bouddhiste, le libéra, lui apprenait à prier et à prendre refuge dans les Trois Joyaux. Peu de temps après, le buffle mourait et gagnait le monde des Trente Trois Cieux (Trayastrimsa).

Le négociant propriétaire du buffle, ainsi convaincu de l’existence de la réincarnation, s’adoptait  à la religion, pratiquait la vertu en se débarrassant des passions originelles.

 

Conclusion : Faire beaucoup d’efforts pour gagner des richesses d’ordre personnel est éphémère et illusoire. A l’inverse, l’argent dépensé pour apporter bonheur et aide aux autres constitue nos vraies richesses. Toute cause produit son effet, c’est une loi immuable.

 

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